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     La femme et le christianisme

    Dans notre société actuelle, il persiste  l'idée  selon laquelle le christianisme aurait été néfaste pour la gent féminine. Cette idée n'est qu'un préjugé fort éloigné de la réalité. Le christianisme bien au contraire a eu un effet positif sur la condition féminine.

    Au Moyen Age, époque où le christianisme a pu pleinement s'épanouir,  la femme bénéficiait d’une position très avantageuse dont l’apogée se situe entre le Xème et siècle XIIIème siècle.

    Ce ne fut qu'à la Renaissance, lorsque que le catholicisme connu une perte de vitesse, que la femme en France commença à perdre beaucoup de ses droits. Aliénor d'Aquitaine était bien plus libre et indépendante au XIIème siècle que Marie-Antoinette au XVIIIème siècle.

    I. - Le statut de la femme dans la Rome antique

    Dans l’antiquité romaine, la femme n’était pas confinée dans le gynécée comme dans la société grecque mais son statut n’était pas très reluisant. Elle n’exerçait aucun rôle dans la vie politique et ne pouvait remplir aucune fonction administrative. Elle n’était pas un sujet de droit. Son statut était le même que celui de l’esclave.

    Elle était complètement soumise au patria potesta, le pouvoir du père, qui était absolu. Le père dans la Rome antique avait un pouvoir de vie et de mort sur ses enfants. Généralement, il ne gardait qu’une seule fille et se débarrassait des autres nourrissons de sexe féminin. Par ailleurs, la femme ne possédait pas de prénom. Elle prenait le nom de famille du père féminisée. Par exemple, une fille dont le père avait pour nom de famille CORNELIUS était appelée Cornélia, mais ses frères pouvaient s’appeler Publius CORNELIUS et Gaius CORNELIUS.

    Malgré, les œuvres des auteurs antiques qui mettent en scènes des femmes et toute la mythologie gréco-romaine qui abonde de déesses et de personnages féminins, la vision de femme était dans l’antiquité archaïque et le droit romain n’accordait pas un statut égalitaire entre homme et femme.

    II. – L’élément précurseur de l’émancipation de la femme : Le christianisme

    Lorsqu’on se penche sur les premiers temps du christianisme du Ier et IIème siècles, il est frappant de constater que le nombre de noms féminins est bien supérieur à celui des noms masculins. Les femmes ont joué un rôle très important dans l’évangélisation. Les premières têtes couronnées qui se sont converties au christianisme l’ont fait sous l’influence de leur femme chrétienne (Clovis en Gaulle, le roi Agilulf en Lombardie, le duc de Tolède en Espagne, le roi Ethelbert en Angleterre). La princesse Olga de Kiev fut la première baptisée et les pays baltes doivent leur conversion à Hedwige de Pologne. Un tel engouement des femmes pour le christianisme n’est pas dû au hasard. Les femmes avaient bien compris la portée humaniste du christianisme et le bénéfice qu’il en découlait pour la condition féminine.

    Le christianisme, en effet, porte en son sein une vision égalitaire de tous les êtres humains et la femme est mise sur le même pied d’égalité que l’homme. On peut citer le cas bien connu de la femme adultère dont Jésus a empêché la lapidation, scène de l'évangile qui a eu une portée bénéfique sur la vision qu'on pouvait à l'époque avoir de la femme et la conception de la faute ou du péché. Jésus dans les évangiles pose les bases d'une équation entre homme et femme : « Quiconque répudie sa femme et en épouse une autre commet un adultère à l’égard de la première ; et si une femme répudie son mari et en épouse un autre, elle commet un adultère » (Marc 10 : 11-12, Mathieu 19 : 9). Hommes et femmes deviennent ainsi égaux. Paul de Tarse ou Saint Paul, selon la préférence de chacun, avait dit : « Il n’y a plus ni Grec, ni Juif, ni homme, ni femme » (Voir Galates 3 : 28 et Colossiens 3 : 4). Ce qui comptait désormais grâce au christianisme c’était la personne ou l’être humain.

    Un autre texte du nouveau testament eu une influence certaine sur l’émancipation de la femme : « Il y a des eunuques qui sont nés dans le sein de leur mère, il y a des eunuques qui le sont devenus par l’action des hommes et il y a des eunuques qui se sont eux-mêmes rendus tels en vue du royaume des cieux » (Mathieu 19 : 12). Ceci voulait dire pour une femme qu’elle n’était plus obligée de suivre une voie toute tracée et se soumettre obligatoirement à l’autorité du père puis d’un mari. Brusquement, elle avait le choix entre deux alternatives toutes aussi respectables l’une que l’autre : soit se marier et fonder une famille, soit devenir religieuse avec pour perspective de vivre sa spiritualité mais aussi d’étudier et de pouvoir enseigner. Dans les premiers siècles de l’avènement du christianisme, il est intéressant de noter que, sous l’impulsion du christianisme et désormais libérées, des femmes ont fait preuve d’un grand dynamisme. Fabiola, disciple de Saint Jérôme, fonde le premier hôpital. Mélanie la jeune, héritière de grands domaines en province d’Afrique, distribue des terres aux esclaves, ce qui eu une action concrète dans leur libération. Une autre femme, Paula, au monastère de Bethléem, organise autour d’elle une riche activité intellectuelle qui sera l’exemple et le point de départ de la tradition d’instruction dispensée dans tous les monastères par la suite.

    II. – La position de la femme au moyen âge

    a) La femme dans l’église

    On a souvent entendu dire qu’au Moyen Age dans l'église, on se posait la question de savoir si la femme avait une âme. Ceci relève que d’une légende sans fondement née du double désir de dénigrer le Moyen Age et aussi le christianisme. Dès le début du christianisme, les femmes sont baptisées et participent activement à l’œuvre d’évangélisation. Des femmes ont été canonisées et élevées au rang de saintes dès le IIème siècle. Le culte même de Marie révèle que l’église portait en estime la femme.

    Plus encore, à l’époque féodale des femmes pouvaient être ordonnées abbesses, statut aujourd’hui disparu dans l’église. Certaines abbesses étaient de véritables seigneurs féodaux dont le pouvoir était respecté à l’égal de celui des autres seigneurs, quelques unes portaient même la crosse comme l’évêque. Parfois, elles administraient de vastes territoires avec des villages et des paroisses. Les abbesses exerçaient un rôle de direction et d’administration, sans parler les liens étroits qu’elles pouvaient entretenir avec les têtes couronnées. Leur position pouvait être enviée par beaucoup d’hommes. On peut citer l’exemple intéressant de Pétronille de Chemillé qui à 22 ans se retrouve  à la tête de l’ordre de Fontevraud qui acceuillait aussi bien des moniales que des moines ! En 1119, quatre ans après sa nomination, Pétronille Chemillé accueille en personne le Pape Calixe II venu spécialement consacrer lui-même l’autel de son abbaye. Après la mort de Petronille de Chemillé une autre femme prit la relève pour diriger l’ordre de Fontevraud, Mathilde d’Anjou. La première abbesse dont l’histoire a retenu le nom est Tetta de Soissons en 838.

    Abesse du Moyen Age portant la crosse

    Dans les monastères, les femmes recevaient une solide instruction. Elles apprennent non seulement le latin la langue liturgique, mais également le grec, les lettres en général et le droit. Les abbesses n’étaient pas seulement des administratrices, des éducatrices ou protectrices des lettres, elles ont pu aussi créer. Le premier grand nom de la littérature allemande est celui de l’abbesse de Gandersheim, Hrotswitha, qui écrivit aussi bien des légendes en vers que des comédies jouées. Au Moyen Age, le théâtre joua un grand rôle jusque dans les couvents. Il était considéré comme un moyen d’éducation et en même temps comme un moyen de distraction. Les abbesses ne sont pas les seules à se distinguer par leur talent littéraire. De simples religieuses nous ont également laissé leurs écrits comme Mechtilde de Magdebourg ou encore Gertrude la Grande.

    Parmi les religieuses qui nous ont laissé les œuvres les plus importantes, on peut mentionner Herrade de Langsberg (auteur de l’encyclopédie la plus connue du XIIème siècle) ou Hildegarde de Bingen. Cette dernière dictait ses écrits à deux secrétaires hommes : le moine Volmar et le moine Guilbert de Gembloux. Gertrude de Helfta au XIIIème siècle raconte quant à elle comment elle fut heureuse de passer, en suivant des études, de l’état de « grammairienne » à celui de « théologienne ». Les femmes religieuses étaient très instruites et pouvait rivaliser de savoir avec les moines les plus lettrés de l’époque.

    En parcourant les textes médiévaux, on constate que déjà très tôt que les relations entre moines et moniales sont emprunts de beaucoup de respect et de douceur, ce qui témoigne d’une vision idéalisée de la femme qui déborda hors les murs des monastères et donna lieu à l’amour courtois. Voici ce que Fortunat (VIème siècle) écrivit à la Reine Radegonde devenue religieuse :

    "Mère honorée, sœur douce
    Que je révère d’un cœur pieux et fidèle,
    D’une affection céleste, sans nulle touche corporelle,
    Ce n’est pas la chair qui aime en moi, Mais ce que souhaite l’esprit…
    Quels mots dirai-je à une mère aimée à une douce sœur,
    Seul en l’absence de l’amour de
    mon cœur ?"

    b) La féminité à l’époque féodale

    Au Moyen Age contrairement à l’idée répandue, le souci de l’hygiène tenait une place importante dans la société. Ce n’est à partir du XIème siècle que la propreté ne fut plus une préoccupation et que les bains se raréfièrent. Tous les traités de médecine ou d’hygiène du Moyen Age recommandent aux femmes la propreté et de se laver souvent. Outre la question de l'hygiène, au Moyen Age, les femmes étaient coquettes. Il existait des recettes de beauté en tous genres : crèmes ou onguents à base de saindoux, d’huile d’olive, ou d’amande douce, lotions à base de plantes macérées ou bouillies, teintures pour les cheveux, remèdes anti-rides, pâtes pour blanchir les dents, épaississant pour cheveux, parfums, etc… Nos musées conservent un certain nombre de peignes d’ivoire, d’os ou de buis. La tenue de la femme est ajustée au niveau du buste, la taille soulignée par une ceinture et la jupe tombe gracieusement. L’habillement soulignait la silhouette féminine. Une coiffe était portée selon la mode du moment. A une certaine époque, on a porté le hennin ou parfois des coiffures insolites qui laissaient une partie des cheveux libres. Ainsi, dans le roman Galeran de Bretagne, l’auteur présente une héroïne tressant une natte avec la moitié de ses cheveux, partagés par une raie au milieu et précise que les cheveux restés libres « ondoient vers la face ». L’idéal de beauté apprécié des poètes est le teint clair, les cheveux blonds et frisés et le corps svelte. Cependant, la beauté féminine est non seulement commentée par les poètes, mais aussi par les philosophes et les théologiens. Par exemple, Guibert de Nogent voit dans la beauté de la femme "un miroir direct et immédiat, quoique imparfait et périssable de l’infinie et immuable beauté de Dieu".

    Quant à l’amour courtois, dont on trouve les prémices chez Fortunat (VIème siècle), qui fut vraisemblablement inspiré par certains auteurs latins qu’il étudia à Ravenne, fait son chemin et explose à partir du XIIème siècle. Par l’amour courtois, jamais la femme ne fut autant valorisée et idéalisée qu’à l’époque médiévale. Nous avons des sceaux datant du Moyen Age représentant un chevalier agenouillé devant une dame. Il est par ailleurs intéressant de noter que le terme en vigueur « seigneur » vient de senior (le plus âgé, l’ancien), alors que son équivalent féminin, la « dame » vient de domina, « la maîtresse », celle qui domine.

     

    Un exemple très éloquent est celui du jeu d’échecs. Il fut introduit vers l’an 1000 en France par les arabes via l’Espagne. Quand il arriva chez nous, il différait de celui que nous connaissons aujourd’hui. Le jeu n’était pas bicolore, les pièces étaient différentes ainsi que leur marche. Au Moyen Age, il s’est très vite en France occidentalisé. Il est devenu bicolore. La pièce représentant un éléphant est devenu le fou et une autre pièce représentant un vizir s’est transformé en personnage féminin. Il est devenu une vierge, puis par la suite la reine ou la dame. Celle-ci a vu sa marche s’amplifier, jusqu’à devenir la pièce la plus puissante de l'échiquier. Si au Moyen Age on a pu ainsi introduire une pièce représentant un personnage féminin (qui en plus a gagné en puissance) dans ce qu’on appelle, le jeu noble c’est, que la femme loin d’être méprisée, était au contraire à l'époque très estimée.

    c) Les femmes et l’instruction

    A l’occasion de la fondation du premier monastère de femmes en Gaule de Saint-Jean d’Arles, il s’est manifesté un souci de répandre l’instruction qui ne se retrouve plus à partir du XVIème siècle. A l’époque féodale et au Moyen Age, les écoles monastiques instruisent aussi bien filles et garçons à partir de six ou sept ans et ce jusqu’aux 12 ans de l’enfant. Les exemples abondent de monastères féminins fréquentés tant par les petites filles que par les petits garçons. Le monastère de Notre-Dame de Ronceray en Anjou reçoit en 1116 du comte d’Anjou une dotation pour que treize enfants pauvres soient nourris et élevés à ses frais dans le couvent. La volonté d’instruire les enfants est également attestée par de nombreuses prescriptions des évêques soucieux de réorganiser leur diocèse après les désastres du XIVème siècle. Ainsi à Soissons, en 1403, l’évèque Simon de Bucy insiste pour qu’on veille à ce que les parents envoient leurs enfants des deux sexes à l’école de la ville et incite à en ouvrir s’il n’y en a pas dans la paroisse. Dans le roman L’Epinette amoureuse de Jean Froissart laisse entendre qu’au moment où lui-même était un jeune garçon vers 1350 il fréquentait avec ses compagnons la même école que l’héroïne de son roman. La mixité aurait été donc de mise déjà au Moyen Age. Quant à connaître la nature de l’enseignement qu’on dispensait aux filles comme aux garçons, il suffit de reporter notre attention sur des femmes qui ont laissé des traces dans l’histoire. Nous avons l’exemple d’Héloïse (qui est devenue bien malgré elle abbesse du Paraclet) et qui enseigne à ses moniales le grec et l’hébreu, instruction qu’elle avait acquise au couvent d’Argenteuil qu’elle avait quitté vers l’âge de seize ou dix-sept ans.

    Un autre cas fort intéressant à examiner est celui de Dhuoda puisque cette dernière nous a laissé un ouvrage « Manuel pour mon fils ». Il constitue le plus ancien traité d’éducation et a été écrit entre 841 et 843 pour son fils alors âgé de 16 ans. A la lecture de son ouvrage, on constate qu’elle possédait une solide instruction. Elle émaille son texte de citations tirées du grec et de l’hébreu. Son ouvrage est nourri de citations de l’ancien et du nouveau testament ainsi que des pères de l’église dont elle a l’air d’avoir une bonne connaissance. Cependant, son instruction ne se limite pas à la bible, elle cite plusieurs poème de Prudence dont on sait qu’il alimente en partie la vie intellectuelle du Moyen Age. Elle cite Donat comme grammairien et Isidore de Séville qui jusqu’au XIIIème et plus tard encore a été une lecture de base pour tout homme cultivé. Elle connaît également ses contemporains Alcuin, Raban Maur, et Ambroise Autpert.

    d) Les femmes et le mariage

    A partir du Vème-VIème siècle lorsque l’empire romain s’est effondré une osmose d’opéra entre les peuples celtiques qui occupaient la Gaule (Francs, Burgondes, Wisigoths) avec le christianisme. La femme celte bénéficiait dans la société, contrairement chez les romains, un statut égalitaire avec celui des hommes. Le christianisme et traditions celtes purent ainsi se rejoindre pour construire une nouvelle société moins discriminante que la précédente et plus favorable aux femmes. Dès le VIIIème siècle, l’église a écarté le consentement des parents au mariage jusqu’alors considéré comme nécessaire pour la validité de celui-ci. L’époux et l’épouse étaient ministres du sacrement. Le prête n’était présent que comme témoin. Déjà très tôt au VIIème, siècle Isidore de Séville émettait l’idée d’un mariage égalitaire entre homme et femme, idée reprise par Hugues de Saint-Victor au XIIème siècle qui déclarait concernant la position de la femme par rapport à l’homme « nec domina, nec ancilla, sed socia » (ni maîtresse, ni servante, mais compagne » ("socia" ayant le sens d’associé). Concernant le nom marital, les usages variaient, la femme pouvaient soit garder son nom, soit joindre celui de son époux au sien, soit prendre le nom de son époux. Ce ne fut qu’au XVIIème siècle que la femme prend obligatoirement le nom de son mari. Les intérêts financiers de la femme au XIIIème siècle, même mariée, sont solidement protégés. Elle demeure propriétaire de ses biens propres. Le mari en a l’administration et la jouissance mais il ne peut en disposer. Les biens de la femme sont inaliénables. En revanche, la femme mariée participe de droit à tout ce que le ménage peut acquérir et, en cas de décès de son époux, en plus de récupérer la totalité de ses biens propres elle a la jouissance d’une partie des biens de son époux : la moitié dans les familles roturières, le tiers chez les nobles dans la plupart des coutumes. Si une femme meurt sans enfant, la totalité de ses biens propres revient à sa propre famille. Même la femme séparée au Moyen Age recouvrait l’administration de ses biens. L’usage voulait que si au mariage la femme apportait une dot, le mari de son côté lui constitue un douaire, et dans le cas des reines qui jouissaient d’un douaire important elle l’administrait elles-mêmes pendant la vie et après la mort de leur époux. Par ailleurs, une femme qui exerce un commerce peut témoigner en justice pour tout ce qui se rattache à l’exercice de ce commerce. Elle remplace son mari sans autorisation préalable s’il est absent ou empêché. Jusqu’à la fin du XVème siècle, elle jouit de ce qu’on appelle la « capacité juridique » ; ce n’est qu’au XVIème siècle qu’elle devient juridiquement incapable, le contrôle du mari sur les actes étant de plus en plus rigoureux et les actes de la femme sont nuls si elle n’a pas obtenu l’autorisation de son époux. Cette évolution est due au retour du droit romain et sera consignée dans le code Napoléon.

    e) Les femmes et l’activité économique

    Les documents du Moyen Age montrent que les femmes sont intimement liées à la vie économique (administration de biens, transactions, donations, intervention dans des actes de justice comme témoins ou comme plaignantes…). On remarque que beaucoup de femmes exercent des métiers. Une femme peut cultiver un manse avec son époux, mais également aussi seule ou avec un ou des enfants. Nous avons des registres d’époque qui mentionnent pas moins de 150 métiers exercés par les femmes : coiffeuse, miresses (femme médecin au Moyen Age, féminin de mire), gantière, saucissière, boursière, boulangère, meunière, barbière, mercière aubergiste, épicière, marchande, etc). On a même des coutelières et des chaudronnières, ce qui démontre qu’on n’avait pas à l’époque une vision réductrice de la femme la cantonnant au rôle de femme au foyer. A la ville, les femmes peuvent tenir un atelier ou une boutique conjointement avec leur mari, mais aussi en tant que femme seule, veuve ou célibataire. Dans les textes on trouve mention de femmes désignée comme croisées. On a aussi trouvé la mention d’une certaine Margot, joueuse de Paume du pays de Hainaut qui se produit à Paris vers 1425 dans un document qui précise « peu venaient hommes à qui elle ne gagnât ». Durant la guerre de 100 ans des femmes furent utilisées comme espionnes ou agents secrets. Le Journal du siège d’Orléans mentionne des femmes envoyées par le Bâtard d’Orléans, Jean, futur comte de Dunois pour se renseigner sur la position de l’ennemi. Il existe même une miniature qui présente une banquière en train de recevoir de l’argent lié à un prêt consenti à des gentilshommes. Dans le monde rural, parmi les familles baronniales, les femmes jouissent des mêmes droits à la propriété que les hommes. Les femmes avaient le droit vote dans les assemblées et lors des Etats généraux.

    f) Les femmes et la politique

    A Moyen Age, des femmes ont exercé un pouvoir en tant que reines ou suzeraines. Les reines étaient couronnées tout comme les rois et recevaient comme eux l’onction et la couronne. Elles possédaient leurs biens personnels et pouvaient en disposer librement. Elles possédaient leur propre sceau et parfois avaient mêmes leurs propres secrétaires comme Aliénor d’Aquitaine, qui fut deux fois reine. Elle monta sur le trône de France, puis sur celui d’Angleterre. Les reines et suzeraines exerçaient le pouvoir en lieu et place du roi ou du suzerain, si celui-ci était absent, malade ou mort. Il existe de nombreux exemples et on peut en citer quelques uns. La reine Bathilde exerça le pouvoir à la mort de Clovis II et pris une décision très important pour l'évolution des mœurs ; elle abolit l'esclavage (VIIème siècle). On peut citer un autre exemple celui de la comtesse Adèle de Blois, fille de Guillaume le Conquérant. Elle remplaça non seulement son mari lorsque celui-ci partit en croisade, mais en plus le remit dans le droit chemin lorsque il se conduisit lâchement envers ses compagnons. Non contente de mener à bien son rôle de mère et suzeraine, elle crée à Blois toute une activité culturelle jusqu’ici négligée et elle-même très cultivée s’entoure de poètes et de lettrés. On peut mentionner la reine Anne, qui à la mort du roi Henri en 1066, prend le pouvoir. Quant à Agnès, la veuve d’Henri III, après la mort de celui-ci, exerce le pouvoir avec bon sens et prudence. Elle réprime des tentatives de révoltes qui éclatent en Flandre et en Saxe et parvient à ramener partout le calme, mais fait quelques concessions pour maintenir l’ordre qu’elle sent précaire.

     

    On peut aussi évoquer une miniature qui se trouve au Vatican représentant Henri IV un genou à terre dans une posture de suppliant, avec au second plan l’abbé de Cluny, Hugues vêtu de la coule et portant la crosse, il désigne de la main droite un troisième personnage Mathilde de Toscane. On peut lire en dessous la légende : "Rex rogat abbatem, Mathildim supplicat" (Le roi prie l'abbé, il supplie Mathilde). Celle-ci joua un rôle politique important tant auprès du Pape que d'Henri IV. Elle se retrouva même à la tête d'une armée. Voici la miniature

    Par ailleurs, John Gilissen fait remarquer dans le recueil sur « La Femme » publié par Jean-Bodin que « Presque toutes principautés laïques belges ont été gouvernées par des femmes à l’un ou l’autre moment de leur histoire : citons les comtesses Jeanne (1205-1244-) et Marguerite de Constantinople (1244-1280), en Flandre et Hainaut, la duchesse Jeanne en Barbant (1355-1406), Marguerite de Bavière en Hainaut (1345-1356), Marie de Bourgogne pour l’ensemble des principautés (1477-1482 )».

    Outre les femmes de hautes naissances, il faudrait aussi citer deux filles du peuple de condition modeste qui ont joué un rôle politique important : Jeanne d’Arc et Catherine de Sienne, la première auprès du roi Charles VII et la seconde auprès du pape Grégoire XI.

    III - Conclusion

    Loin les clichés auxquels nous avons été habitués dès l’école primaire, la société médiévale mettait femme et homme sur le même pied d’égalité. Cette situation avantageuse pour la gent féminine ne perdura pas à la renaissance en raison du retour du droit romain dans la législation.

    Pourtant, hors de France dans d’autres pays chrétiens des femmes d’envergure exercèrent le pouvoir après le Moyen Age : Isabelle la catholique, Catherine de Russie, Marie-Thérèse d’Autriche, et encore plus tard la reine Victoria. Un peu partout, les femmes luttèrent pour leurs droits perdus et les récupérèrent au XXème siècle. Ceci fut possible par la vision humaniste et égalitaire que notre société chrétienne porte en elle.

    Jamais dans les sociétés musulmanes une femme n’a pu jouir de la même liberté qu’une femme occidentale, même durant les époques où le droit lui était le moins favorable. Jamais en occident une femme n’a été obligée de se voiler pour se cacher du regard des hommes. Même dans la Rome antique la polygamie et les harems étaient inexistants. Dans l’islam depuis son début, c’est-à-dire depuis 14 siècles, la condition de la femme imposée par le coran, les hadiths et Mahomet, est avilissante. Aujourd’hui encore dans les pays musulmans la femme est emprisonnée dans un statut juridique inférieur à celui de l'homme. Ceci est inacceptable dans toute société qui se prétend civilisée.

     

     

     

     


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